Le Chahid BADJI MOKHTAR 

1919   -   1955

بِسْمِ  اللهِ  الرَّحْمنِ الرَّحِيمِ

لا تحسبن الذين قتلوا في سبيل الله أمواتا بل أحياء عندربهم يرزقون ، فرحين بما آتاهم الله من فضله و يستبشرون بالذين لم يلحقوا بهم من خلفهم ألاَّ خوفعليهم و لا هم يحزنون 

BADJI  naquit à Annaba le 17 Avril 1919 au sein d'une famille instruite. Son père était fonctionnaire au tribunal de Souk Ahras. BADJI Mokhtar effectua ses études primaires et secondaires dans la même ville mais fut contraint de quitter les bancs de l'école en 1936 suite à l'arbitraire et au racisme manifestés à son égard par les enseignants français.

Après cela, il s'engagea dans les rangs des Scouts Musulmans où il apprit les principes du militantisme organisé et grandit dans l'amour de la patrie. En 1940, avec un groupe de nationalistes, BADJI Mokhtar créa à Souk Ahras la première cellule des jeunes rattachés au Parti de le Peuple Algérien. BADJI Mokhtar put échapper au service militaire obligatoire dans l'armée française en réduisant de façon drastique son poids au moyen du jeûne ; ce qui amena les autorités militaires françaises à le dispenser du service en 1944. BADJI Mokhtar poursuivit son activité politique dans les rangs du Mouvement des Amis du Manifeste et de la Liberté . Ensuite, il adhéra au Mouvement pour le Triomphe des Libertés et de la Démocratie après sa création en 1946. Il fut ensuite nommé responsable de la cellule de l'Organisation Spéciale à Souk Ahras en 1947 jusqu'à son arrestation le 1er avril 1950, dans le cadre de la campagne menée par les appareils de répression coloniale contre les membres de l'Organisation après la découverte de la découverte de celle-ci. Au cours de son interrogatoire, BADJI Mokhtar subit toutes sortes de tortures et fut condamné par le tribunal de Guelma à trois années de prison qu’il effectua à la prison de Chlef puis à Blida où il rencontra les dirigeants de l'Organisation Spéciale emprisonnés avec lui : Ahmed Ben Bella et Ahmed Mahsas. En mars 1954, BADJI Mokhtar participa à la création du Comité Révolutionnaire pour l'Unité et le Travail ainsi qu'à la réunion des 22 tenue à Alger en juin 1954. Au cours des préparatifs pour la Révolution, BADJI Mokhtar supervisa en tant que commandant du secteur de Souk Ahras l'entraînement des militants, la fourniture de caches, de ravitaillement, d'armes et de munitions… BADJI Mokhtar dirigea les premières opérations militaires contre les intérêts coloniaux au cours de la nuit du 1er novembre 1954 et après, notamment l'attaque contre la mine de Nadhor ainsi que celle d'un train. BADJI Mokhtar tomba au champ d'honneur après avoir été encerclé par les forces d'occupation dans la forêt de Beni Salah, dans la région de Medjaz Sfa à Souk Ahras en janvier 1955.                                                                                                                                                        

                                                                                                                                                                         

Saint Augustin

354-430

 

Augustin est sans doute l'enfant de Souk Ahras le plus connu au monde, il appartient à la culture universelle, donc à l'humanité toute entière, mais avant tout et en premier lieu à la terre dont il est issu, celle qui l'a vu naître .Souk Ahras l'antique Thagaste .

Augustin est né aux ides de novembre – le 13 novembre – de l'année 354 à Thagaste, aujourd'hui Souk-Ahras, aux confins algéro-tunisiens, en pays numide. Le père, Patricius, modeste propriétaire foncier, tint à assurer à son fils l'éducation libérale qui était pour les gens de sa classe le passeport pour la réussite sociale. Augustin étudia d'abord, semble-t-il, à Thagaste même, puis pour les études de grammaire et de rhétorique, à une trentaine de kilomètres au sud de Thagaste, à Madaure, dont une autre gloire locale, Apulée, avait rendu les écoles célèbres.

Extraits du film sur Saint Augustin

Augustin à Thagaste

Augustin à Carthage

Augustin à Hippone

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Augustin à Rome
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Augustin à Milan

En sa seizième année, l'impécuniosité des siens contraignit le jeune Augustin à quitter Madaure et à interrompre ses études. Ce fut, à Thagaste, une année de désœuvrement, marquée par les premiers émois de la chair, employée à des jeux défendus, à des maraudes, comme ce vol de poires en un verger voisin de chez lui, analysé plus tard dans les Confessionsavec beaucoup de pénétration, mais aussi avec la sévérité rétrospective de l'évêque qui y vit une parabole du péché originel.

Grâce à la générosité de Romanianus, un riche notable de Thagaste ami de sa famille, Augustin put aller continuer ses études de rhétorique à Carthage, avec l'aide également des subsides de sa mère, lorsque son père mourut, peu après son départ.

Capitale de la débauche, c'est ainsi que la grande ville lui apparut d'abord : « J'arrivai à Carthage et tout autour de moi bouillonnait la chaudière des honteuses amours ». Il ne tarda pas à succomber à ces plaisirs : plaisirs de la chair, mais aussi plaisir du théâtre, que le jeune homme découvrit avec ravissement. Parallèlement, il se révélait excellent étudiant, répugnant aux chahuts auxquels se livraient certains de ses camarades, se liant d'amitié avec des condisciples provinciaux comme lui, que les hasards de la vie lui feront retrouver plus tard, ainsi Vincentius, qui deviendra évêque de l'Église donatiste à Cartennae (Ténès). Son premier émoi intellectuel lui fut procuré par la lecture de l'Hortensiusde Cicéron ; il avait alors dix-neuf ans et voyait s'ouvrir devant lui le monde de la pensée. Alors, le souvenir d'une première et fugitive imprégnation chrétienne, qu'il devait à sa mère Monique en son enfance, lui suggéra de lire, à la suite de l'Hortensius, les Écritures : mais il ne put entrer dans la Bible, dont le style le rebuta.                                                                                                                                           

                                                             

Sainte Monique

332 - 388

 

 

Monique naquit à Tagaste, en Afrique, l'an 332. Grâce aux soins de parents chrétiens, elle eut une enfance pure et pieuse, sous la surveillance sévère d'une vieille et dévouée servante. Encore toute petite, elle aimait aller à l'église pour y prier, elle cherchait la solitude et le recueillement; parfois elle se levait même la nuit et récitait des prières. Son coeur s'ouvrait à l'amour des pauvres et des malades, elle les visitait, les soignait et leur portait les restes de la table de famille; elle lavait les pieds aux pauvres et aux voyageurs. Toute sa personne reflétait la modestie, la douceur et la paix. A toutes ces grâces et à toutes ces vertus, on aurait pu prévoir que Dieu la réservait à de grandes choses.
Dieu, qui a Ses vues mystérieuses, permit cependant qu'elle fût donnée en mariage, à l'âge de vingt-deux ans, à un jeune homme de noble famille, mais païen, violent, brutal et libertin, presque deux fois plus âgé qu'elle, et dont elle eut beaucoup à souffrir, ainsi que de sa belle-mère. Dans cette situation difficile, Monique fut un modèle de patience et de douceur; sans se plaindre jamais, elle versait en secret les larmes amères où se trempait sa vertu. C'est par ces beaux exemples qu'elle conquit le coeur de Patrice, son époux, et lui obtint une mort chrétienne, c'est ainsi qu'elle mérita aussi de devenir la mère du grand saint Augustin. Monique, restée veuve, prit un nouvel essor vers Dieu. Vingt ans elle pria sur les débordements d'Augustin, sans perdre courage et espoir. Un évêque d'Afrique, témoin de sa douleur, lui avait dit: "Courage, il est impossible que le fils de tant de larmes périsse!" Dieu, en effet, la récompensa même au-delà de ses désirs, enfaisant d'Augustin, par un miracle de grâce, l'une des plus grandes lumières de l'Église et l'un de ses plus grands Saints. Monique, après avoir suivi Augustin en Italie, tomba malade à Ostie, au moment de s'embarquer pour l'Afrique, et mourut àl'âge de cinquante-six ans. Augustin pleura longtemps cette mère de son corps et de son âme. Le corps de sainte Monique a été transporté à Rome dans l'église de Saint-Augustin, en 1430. Cette femme illustre a été choisie comme patronne des Mères chrétiennes.

                                  

                                                                                                                                                                                                         

Apulée de Madaure

125  - 170

 

      Né vers 125, d'une famille riche de Madaure (en Numidie, dans l'actuelle Algérie), il fit d'abord ses études à Carthage, où il apprit l'éloquence latine, avant d'aller chercher à Athènes un enseignement philosophique supérieur, de voyager beaucoup, puis de retourner en Afrique. Carthage deviendra sa résidence habituelle et où il y mourra après 170.

Apulée est un auteur du IIe siècle après Jésus-Christ, originaire d'Afrique, un des premiers exemples d'une carrière littéraire entièrement faite en dehors de Rome. C'est un esprit brillant, universel, bien dans la ligne du mouvement de la Seconde Sophistique.

C'était un personnage singulier et attachant, qui avait les yeux grands ouverts et s'intéressait à tout, aux sciences, à la philosophie, à la religion, à la magie aussi. Comme l'écrit P. Grimal, il «se fit initier à tous les cultes, plus ou moins secrets, qui abondaient alors dans l'Orient méditerranéen : mystères d'Éleusis, de Mithra, d'Isis, culte des Cabires à Samothrace, et mille autres encore, d'une moindre célébrité. Il espérait y trouver "le secret des choses"». Quant à la magie, elle n'occupe pas seulement une grande place dans les Métamorphoses; on connaît l'histoire du procès qui lui fut intenté par les parents de la femme, beaucoup plus âgée que lui, qu'il avait épousée à Oea en Tripolitaine. Fâchés se voir l'héritage leur échapper, ceux-ci l'accusèrent devant les tribunaux d'avoir envoûté leur parente pour qu'elle accepte de l'épouser. Apulée s'en sortit par un plaidoyer habile et spirituel, l'Apologie ou le De Magia, qui est pour ainsi dire le seul exemple conservé d'un discours judiciaire de l'Empire.

Apulée était aussi un conférencier à succès, capable de parler en grec comme en latin. Nous ne possédons plus ces discours d'apparat, exception faite d'un mince anthologie (les Florides) où sont rassemblés 23 morceaux de longueur très inégale.

Il avait écrit bien d'autres choses encore : des poèmes, des traductions, des traités techniques aujourd'hui perdus (sur les arbres, la médecine, l'astronomie...), et qui n'étaient peut-être que de simples compilations ou des résumés. Nous possédons par contre, sous son nom, plusieurs traités philosophiques. D'abord une brillante conférence, de haute vulgarisation si l'on peut dire, le De deo Socratis, qui constitue en fait l'exposé le plus approfondi que l'antiquité nous ait laissé sur la démonologie. Ensuite, le De Platone et eius dogmate libri II, une sorte de résumé scolaire et assez terne de la doctrine de Platon; en réalité c'est du Platon revu et corrigé par des siècles d'évolution du Platonisme. Enfin le De mundo, qui s'inspire de la théorie péripatéticienne de l'univers et qui n'est rien d'autre qu'une adaptation en latin d'un traité grec anonyme sur le même sujet.

Mais son oeuvre majeure est indiscutablement les Métamorphoses ou L'Âne d'or, en onze livres. C'est le récit, fait à la première personne, d'un certain Lucius, un jeune homme curieux de tout, qui, s'étant frotté de trop près à la magie, se voit transformé en âne. Sous cette forme, il va connaître toute une série d'aventures, entrant en contact successivement avec des brigands, des esclaves fugitifs, des prêtres de la déesse syrienne, un meunier, un maraîcher, un soldat, deux frères esclaves (un pâtissier et un cuisinier), puis leur maître. Comme c'est l'âne qui raconte et qu'il a conservé son sens aigu de l'observation et son esprit critique d'homme, il nous donne à voir par l'intérieur les activités et les préoccupations de tous ces milieux très différents qu'il a fréquentés. L'ensemble nous fournit un remarquable tableau de la vie quotidienne au IIe siècle de l'Empire. Tout cela, au fil de plusieurs livre, car la transformation en âne s'est produite au livre III et c'est au dernier livre seulement que Lucius retrouve sa forme humaine, ce qui ne sera d'ailleurs possible que grâce à l'intervention bienfaisante de la déesse Isis.

En réalité, sur l'histoire principale, celle des aventures de Lucius comme homme ou comme âne, sont rattachés par des procédés variés, parfois fort artificiels, une foule d'autres récits de longueur variable. Le plus long d'entre eux est le Conte d'Amour et de Psyché; c'est une vieille servante qui, dans la caverne des brigands, le raconte à Charité, une jeune fille que ces mêmes brigands viennent d'enlever. Sur ce plan, les Métamorphoses apparaissent aussi comme un recueil de nouvelles.

Mais l'oeuvre est beaucoup plus riche. Divers éléments montrent en effet qu'on ne peut se borner à la lire au premier degré. Il y a d'abord le Conte d'Amour et de Psyché, qui occupe le centre même du récit : Psyché, on le sait, est le nom grec de l'âme, et elle est amoureuse d'Éros, l'un des grands «démons» platoniciens. Il y a ensuite le livre d'Isis, dont la tonalité religieuse, tranche profondément sur la noirceur, la violence et le sadisme lourdement présents dans ce qui précède. Il y a aussi de nombreux autres indices disséminés au fil des chapitres et impossibles à détailler ici.

Il faut cependant dire que les interprètes modernes ne sont pas parvenus à s'entendre sur la signification profonde du récit. Si Apulée a voulu transmettre à ses lecteurs un «message», on n'est pas certain de l'avoir découvert. Mais il reste qu'Apulée, au fil des pages, se laisse guider par son imagination, sa fantaisie, son amour du merveilleux, son goût des histoires, et que les modernes auraient bien tort en le lisant de bouder leur propre plaisir. 
                                                                                                         

                                                             

Mustapha KATEB

1920  -  1989

Homme de théâtre. Né à Souk-Ahras EN 1920, il commence à flirter avec le théâtre radiophonique dès l'âge de 18 ans et, deux ans plus tard, c'est-à-dire au début des années 40, il crée sa propre troupe professionnelle El Masrah qui deviendra plus tard un comédien dans la compagnie du FLN, il devient directeur du Théâtre National Algérien en 1963. Il apparaît dans plusieurs longs métrages algériens, notamment dans les premiers films de Badie, Lakhdar Hamina et Rachedi (pour lequel il joue aussi dans Ali au pays des mirages en 1987). Son seul film est l’adaptation d’une pièce de théâtre de Rouiched, qui en interprète le rôle principal. Long métrage : El ghoula . Mustapha KATEB est mort en 1989. Le Théatre municipal de Souk Ahras porte fiérement son nom. 

 


 

                                                             

                                                                                                                 

Salim HILALI

1920 - 2005

 

                D’une élégance inouïe, ce cosmopolite, polyglotte, humaniste et universel qui brassait des fortunes, a fini ses jours dans l’anonymat et la déchéance. " Ya hasra aâla douk liyyam " ! "Moi, je suis d’un pays et d’une race étrange Je n’ai pas d’horizons, de frontières à mon cœur Le chant d’une guitare et puis mon âme change Je n’ai plus de parents Ici je n’ai que des frères et des sœurs de cœur… Mon pays c’est l’amour et j’aime avec outrance les enfants des faubourgs…" A feuilleter son passeport français, on apprend que Shlomo ou Simon Halali, dit Salim Hilali, est né un 30 juillet 1920 à Bône (Annaba), à la frontière algéro-tunisienne. Issu d’une famille de Souk Ahras de 12 éme génération, berceau des plus grandes tribus Chaouia, les Hilali, descendants de la Kahéna la magnifique, la prêtresse aurésienne qui régna sur l’Ifriquia (actuel Maghreb) avant la conquête arabe. Son père est d’origine turque et sa mère (Chalbia) une judéo-berbère d’Algèrie. A quatorze ans, il quitte le cocon familial, prend le large et débarque en 1934 à Marseille, éjecté d’un bateau dont la seule cargaison fut un troupeau de moutons. A l’occasion de l’exposition universelle de 1937, il monte à Paris pour y débuter une carrière de chanteur de charme espagnol. Sa rencontre avec Mohamed El Kamal et Mahieddine Bashtarzi fut décisive. Ils l’initient au chant arabo-oriental, l’intègre à la troupe "Al Moutribia", fondée par le grand Edmond Yafil, pour une grande tournée dans les capitales européennes. C’est à Paris qu’il rencontre Mohammed Iguerbouchen, fondateur du Cabaret Al Jazair, rue de la Huchette, et génie de la musique, qui lui composa des morceaux à sa mesure. Son étoile ne cessa de briller depuis. Ses disques connaissent des ventes record et deviennent, dans l’effervescence des années quarante, "la coqueluche des radios d’Alger, Tunis, Rabat et Tanger qui passaient, en boucle, ses chansons…", se souvient Mme Nina Banon, l’une des premières journalistes marocaines de radio Tanger. En 1940, il échappe à la déportation grâce à l’intervention de Si Kaddour Benghabrit. Ministre plénipotentiaire au Maroc sous le protectorat et premier recteur de la grande mosquée de Paris, inaugurée en 1926 par Moulay Youssef et dont le premier appel à la prière fut lancé par la voix du ténor Mahieddine Bashtarzi. Il lui délivre une attestation de conversion à l’Islam au nom de son père et fait graver le nom de ce dernier sur une tombe abandonnée du cimetière musulman de Bobigny ! Non seulement le recteur le sauve des fours crématoires nazis, mais l’engage au café maure de la mosquée où il s’est produit en compagnie de grands artistes tels Ali Sriti et Ibrahim Salah ! Kaddour Benghabrit est certes un "Alem", docteur en foi, mais aussi un grand mélomane. En tant que luthiste et violoniste, feu Mohammed V le désigna membre de la délégation marocaine au congrès de la musique arabe du Caire de 1932 ! ca nous change des " figures " actuelles de l’Islam de France et leurs bysantines polémiques sur la viande Halal et autres bandanas et fichus foulards ! En 1947, il crée à Paris le cabaret oriental Ismaïlia Folies dans un hôtel particulier qui appartenait à Ferdinand Lesseps (ingénieur du canal de Suez ), situé dans la prestigieuse avenue Montaigne. Ceux qui l’ont fréquenté se souviennent de ses folles soirées avec une clientèle huppée à l’instar d’un roi Farouk d’Egypte, de sa cour et des stars d’alors, Mohamed Abdelouahab et Oum Keltoum.

En 1948 il en crée un autre, rue Colisée , le Sérail. Au sommet de sa carrière, il choisit de vivre au Maroc où il est accueilli par les grandes familles. Il y installe , en 1949, dans l’ancienne Médina de Casablanca, le fameux Coq d’Or, l’un des plus prestigieux cabarets au monde où se sont produits les plus grands artistes (Fouiteh, Hajja Hamdaouia, Maâti Belkacem, Line Monty, Blond Blond, Lili Bouniche, Safia Rochdi, Latifa Amal, Warda al jazairia, Raoul Journo….). Ce fut l’époque de la convivialité et de la symbiose judéo-arabe, évoquées, avec nostalgie, par Mohamed Maradji dans son livre "Salam Shalom", publié dans les années soixante-dix. En ami, il sauvegarde la mémoire iconographique de l’artiste et possède, comme relique, l’une de ses fameuses " Derbouka ". Salim Halali ne quitte le Maroc qu’au début des années soixante pour s’installer sur la Côte d’Azur. En 1970, il se lance dans une carrière en France, investit dans de ruineux studios faisant venir les meilleurs musiciens du monde arabe, se produit à la salle Pleyel avant de se retirer, une deuxième fois, à Cannes pour se consacrer à sa passion d’antiquaire, de collectionneur de tapis persans, bibelots et autres objets d’art… Les années marocaines Au Maroc, bien qu’il ne passait plus à la radio ( les bandes de Salim, de Samy Elmaghribi, de Zohra Elfassia et d’autres se sont évaporées des archives des radios nationales !? ), le souvenir de son séjour reste intact au fin fond de la mémoire de ceux qui l’ont fréquenté, aimé, écouté et Dieu sait s’ils sont nombreux . (les grandes familles, les artistes mais aussi les humbles). Les témoignages sont unanimes. Ils évoquent surtout son grand cœur et sa générosité inouïe. Salim donnait tout ce qu’il possédait jusqu'à, ses vêtements et ses bijoux. Il gâtait ses musiciens et offrait, à chaque fête de l’Aïd el Kebir, un camion de moutons aux pauvres de l’ancienne Médina. Une fois, il anima un gala au cabaret Rissani, actuelle place d’armes , place Mohammed V à Casablanca. Il débarqua avec quelques tableaux de valeurs qu’il mit en vente aux enchères. Un gros bonnet de la place fut le premier à lever la main pour la première toile annonçant le chiffre de cinq millions de centimes. La réplique de Salim, ses colères sont mémorables, fut cinglante. "Que dieu maudisse la religion de ta mère. Toi, fils d’un tel, propriétaire des sociétés X et Y, tu ne donnes que cinq millions ! Tu n’as pas honte ? Pour si B. ça sera vingt-cinq millions. Adjugé !". Il passa ainsi la soirée à plumer les bourgeois de Casa au profit du Croissant Rouge Marocain. Il parait que cheb Khaled est allé le voir, accompagné de son impresario, pour lui acheter les droits de l’une de ses chansons. Il eut cette réponse, " Tu mets le prix que tu veux. Une fois fixé, tu le divises en deux. 50% pour les orphelins des musiciens algériens et le reste pour le centre où je finis mes jours. Moi je ne veux pas d’argent. " Interloqué par une telle seigneuriale offre, à laquelle il ne s’attendait pas, le roi du Raï fut très, très généreux… Une fois, Albert Kakon, son voisin de l’ancienne Médina et ancien client , devenu par la suite l’un de ses amis intimes, débarqua au Coq d’or vers vingt-trois heures pour s’y retrouver nez à nez avec un seul client ! Une soirée de perdue pour le prestigieux établissement. Salim, en colère, lança au personnel, " fermez la porte et n’ouvrez plus à personne, même pas au Pape. Ces messieurs sont mes invités". Il les rejoint à table et passèrent la nuit à siroter, à l’œil, du bon Whisky et à l’écouter, accompagné du luth, leur chanter " ya lil ya aïn "… Ainsi fut Salim Halali. Un artiste total, esthète, décalé et hédoniste . Ce cosmopolite aux identités multiples, a fini ses jours, début juillet 2005, dans l’anonymat et la déchéance, dans un hospice de Vallouris ( région de Nice). Incinéré , suite à son souhait testamentaire, ses cendres seront-elles accueillies, en offrande, par la mer Méditerranée qu’il a tant célébrée et chantée ? " Méditerranéen, je suis, croyez- moi Méditerranéen , je le suis dans la voix je le suis dans l’amour je le serai toujours… "

 

 

                                                                                                                                      

                                                             

HAMMADA  Chakib

1949  -  2006

 

Né le 12 Mars 1949 à Souk-Ahras, l'antique Taghaste patrie de Saint-Augustin, ancien Elève de l'Ecole Normale Supérieure du Vieux-Kouba (Alger), Licencié ès-Lettres Françaises, Chakib Hammada a été avec Kamel Bencheikh, Tahar Djaout, Arezki Métref, Hamid Tibouchi, Salah Guémriche...et tant d'autres de ses amis poètes, de tous les grands rendez-vous littéraires des années 1970. Ses rencontres avec Jean Déjeux, Kateb Yacine, Mohamed Khaïr-Eddine et l'influence de ses professeurs de l'Université d'Alger notamment Mouloud Mammeri, Anne Fabre-Luce, Christiane Chaulet-Achour et Mireille Djaïder ont été ce grand tournant qui marqua sa vie de poète. La marginalisation de la langue française et la chape de plomb qui s'abattit sur l'Algérie furent à l'origine de son long silence. 

                                                                                    

L'ABSENTE


Par trop de peines mon cœur s'effrite
Aujourd'hui tu n'es plus là
Au fond de moi un souvenir relique
Un baiser un serment un écho une voix

Les murs blancs sont devenus gris
Les cœurs sincères cupides et amers
Et quand le soir ramène la nuit
Je n'ai pour compagne que ma douleur

Je suis un bateau perdu qu'éventre un écueil
Un sourire loin de moi ma mie t'a emportée
Vers d'autres amours d'autres soleils
J'ai eu si peu de temps pour t'aimer

Je n'ai plus envie de pleurer
Mais mon cœur ne cesse de verser ses larmes
Je n'ai plus envie de désespérer
Mais mes peines m'enchaînent et me désarment

Hier encore par trop de joies
Crédule je souriais à la vie
Mais aujourd'hui mon cœur est en émoi
J'ai perdu ma reine j'ai perdu ma mie

J'ai perdu le goût suave
De ta peau et de tes baisers
Je ne suis plus qu'une épave
Qu'une vague emporte à son gré

Par trop de peines mon cœur s'effrite
Aujourd'hui tu n'es plus là
Au fond de moi un souvenir relique
Un baiser un serment un écho une voi