Source de préoccupation pour de nombreux travailleurs

La gestion des œuvres sociales décriée à Souk Ahras

Le trafic d’influence et les dilapidations de fonds étaient monnaie courante dans cette wilaya avant l’ouverture d’une série d’enquêtes judiciaires dissuasives.

La gestion des fonds des œuvres sociales, décriée dans plusieurs secteurs à Souk Ahras, est encore source d’interminables contestations des travailleurs qui se disent « victimes expiatoires » d’une application ségrégative et surannée des textes régissant cette formule d’aide, « détournée depuis belle lurette de sa vocation initiale », pour reprendre la phrase du doyen des syndicalistes de l’éducation. De graves dépassements dans la distribution de cette « manne », des malversations, des détournements et des attributions d’aides et autres subsides, attribués dans l’opacité totale, sont régulièrement dénoncés par des employés de ces mêmes secteurs. A l’Algérienne des eaux, où des enquêtes judiciaires ont été ouvertes récemment concernant la disparition de centaines de compteurs d’eau et autres volets relatifs à une gestion administrative et financière entachée de graves irrégularités, le préjudice financier dans la gestion antérieure des œuvres sociales est estimé à plus de 3 millions de dinars, apprend-on auprès d’une source très au fait du dossier. A la direction de la jeunesse et des sports aussi, des employés nous ont fait part de l’implication de plusieurs personnes dans la gestion des oeuvres sociales, où les prêts tiennent lieu de dons au profit de personnes et conjoints bien introduits. « Des cadeaux et autres présents sont offerts avec la bénédiction de la tutelle à des gens à l’abri du besoin et étrangères au secteur », a commenté un cadre de la DJS. Le trafic d’influence et les dilapidations de ces fonds étaient monnaie courante, nous dit-on, avant l’ouverture d’une série d’enquêtes judiciaires sanctionnées par la mise sous contrôle judiciaire de neuf employés du secteur, un cadre du Trésor public et l’ex-directeur de l’Opow. Deux travailleurs de l’OPGI ont aussi récemment pris attache avec El Watan pour reprocher à leur section syndicale et, en même temps, commission des œuvres sociales, « l’absence de la transparence dans l’étude et le classement des dossiers des postulants, ainsi que des anomalies flagrantes dans la gestion financière ». L’un d’eux dira, par ailleurs : « Cette inamovible section est épaulée par le bureau de l’union de wilaya de l’UGTA, où l’on compte des membres attributaires de locaux à usage commercial et autres bénéficiant illégalement de quotas de recrutement ». Même son de cloche dans le secteur de l’agriculture, où le secrétaire général de la section syndicale est sévèrement critiqué par un cadre du secteur « pour la mauvaise gestion de l’argent des cotisations ». Dans le secteur de l’éducation, le préjudice financier causé au Trésor public, suite à une gestion approximative de plus de huit ans, est estimé à au moins 130 millions de dinars, nous a confié une source comptable. Après des dizaines de regroupements et de prises d’assaut du bureau de l’union de wilaya, la fédération des travailleurs de l’éducation (FNTE) a dépêché, en 2005, une commission d’enquête qui confirmera la gravité des dépassements enregistrés par la commission de wilaya. La FNTE lancera la balle à la direction de l’éducation pour désigner une instance de contrôle appelée « commission de redressement ». Depuis, aucune information n’a filtré et aucune mesure, hormis la fermeture des comptes pendant deux années, n’a été prise. La même FNTE installera, suite à des pressions exercées par le numéro deux de la centrale syndicale, et dans des conditions contestées, un autre président de commission, recommandé par l’instance de wilaya de l’UGTA, sans l’avis des travailleurs du secteur. « C’est dans le but de taire certaines vérités et de ne point révéler les dossiers liés au scandale des oeuvres sociales qu’a été placé l’actuel président de la commission », ont déclaré des syndicalistes qui continuent à pointer, à l’instar des autres secteurs cités plus haut, un doigt accusateur vers les instances locales de l’UGTA.

A. Djafri